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mercredi 31 octobre 2012

Pourquoi ma retraite payee en euros arrive-t-elle en dollars ?

Aujourd'hui, j'ai envie de poser une question car je ne comprends vraiment pas...!

Pourquoi ma retraite versée en euros arrive en dollars ?


Mes retraites sont toutes de sources française.

Pourquoi certaines arrivent-elles le jour même de leur envoi et d'autres mettent dix a quinze jours et arrivent en dollar américain?

Voici un échange de mails irréels que j'ai eu avec l'une de mes caisses de retraite :

Ma question :

"J’ai un problème avec ma banque qui prétend avoir reçu, ce jour (18 jours après l'ordre de paiement ???), de votre part, les sommes suivantes :
- 428.71 dollars USD,
- 194.40 dollars USD.
Faites-vous vos paiements en dollars ?
Car évidemment, le change n’est pas le même pour le dollar ou l’euro.
Merci de me tenir informé.
Bien cordialement."

La Réponse :
 
"Je fais suite à votre mail par lequel, vous vous étonnez du montant de votre allocation de retraite complémentaire perçue en dollars et regrettons de ne pouvoir y donner une suite favorable.

En effet, notre institution n’est pas responsable des fluctuations monétaires ou des commissions éventuellement prélevées par l’établissement bancaire payeur. Nous vous conseillons donc de vous rapprocher de ce dernier afin d’obtenir de plus amples renseignements.

Enfin, je vous précise que votre retraite complémentaire est versée en € le transfert de fonds en euros est converti en $ . Votre retraite complémentaire vous est donc payée en $.

Espérant, vous avoir donné toutes les précisions souhaitées,

Cordialement"


Nouvelle interrogation de ma part :

"Madame,
Merci de votre réponse qui éclaire un peu ma lanterne...
Néanmoins, je m’étonne que vous me renvoyiez vers un établissement payeur que je ne connais pas (je ne sais même pas qui il est ?), qui est le votre et qui reçoit les ordres de votre part : je n’ai aucun pouvoir pour interroger cet établissement.
Par ailleurs, comment faire pour que ma retraite me soit payée en euros ?
Je ne comprends pas pourquoi le transfert de fonds en euros est converti en dollars...il n’y a aucune raison a cela car le transfert peut être fait en euros directement et cela éviterait a la fois le prélèvement d’une commission de change et les risques de fluctuations entre l’euro et le dollar.
Vous indiquez n’être pas responsable des fluctuations monétaires et des commissions prélevées par l’établissement bancaire, mais c’est vous qui générez ces risques et prélèvements !

Je n’en comprends pas la raison et je souhaiterai éviter cela sur une retraite dont le montant n’est déjà pas bien élevé. Ces prélèvements sont insupportables : votre banque prend des frais, l’organisme charge du transfert prend des frais, et ma banque prend des frais ! alors il serait utile et souhaitable d’éviter ceux qui peuvent l’être, comme ceux du change en dollars.
Cordialement."

....Je n'ai jamais eu de réponse !

Apres quelques investigations, voici le circuit emprunté par ma pension :
- La caisse donne ordre a sa banque de payer la pension en euros,
- la banque envoie les euros a son correspondant aux Etats-Unis, et prend ses frais de transfert,
- la banque correspondante change la pension en dollars américains et transfère a son correspondant aux Philippines; elle prend sa commission de change et ses frais de transfert,
- la banque correspondante aux Philippines transfère a ma banque, et prend ses frais de transfert.
- ma banque reçois les dollars et les change en pesos philippins et prend sa commission de change...

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Car, bien évidemment, chacune des banques intervenantes garde l'argent 2 ou 3 jours, en espérant, en outre,  que le week-end arrive... ce qui permet encore de gagner 2 jours !

Voila pourquoi certaines pensions arrivent amputées et avec 15 jours de décalage entre l'envoi et la réception.

Et vous n'avez que le droit de vous taire...

J'aimerai qu'on m'explique; je ne suis pas stupide et borné : si on me démontre, sans langue de bois, que c'est dans mon intérêt, je peux comprendre  et éventuellement l'admettre ?

Mais quand j'observe la courbe de la parité euro/Dollars sur les cinq dernières années, j'ai de sérieux doutes...



Parité Euros/Dollars sur les 5 dernières années


En attendant, je ne comprend vraiment pas pourquoi ce circuit compliqué...et risqué !

Si vous avez une explication a me donner, je suis preneur... 

N’hésitez donc pas a commenter ci-dessous.  

            

vendredi 26 octobre 2012

L'E-book, une solution fabuleuse pour les expats...

Avant de vous raconter mon installation a Mauswagon, je voudrais vous faire part d'une découverte.

Vous avez peut-être observé l'apparition récente, sur mon blog, de bannières de publicité pour les produits Amazon Kindle.

C'est que j'ai pu tester très récemment ce produit : bien sûr, je connaissais depuis longtemps l'existence des e-books, mais faute de besoins particuliers, je n'avais jamais approfondi.


Lorsque je vivais en France, j'adorais fréquenter les librairies du cours Mirabeau a Aix-en-Provence, lorsque j'avais un peu de temps, choisir mes bouquins, les feuilleter avant de les acheter...

Et puis, maintenant expatrié, lorsque je suis parti, il n'y avait pas de place dans ma valise pour mes bouquins, ceux que j'aime lire et relire en fonction de mon humeur, ou les best-sellers qui m'intéressent, ou les romans de mes auteurs préférés.

J'adore les aventures d’Arsène Lupin, par exemple, et je les relis régulièrement depuis que j'ai 12 ou 13 ans. Depuis cet âge là, régulièrement tous les deux ou trois ans, je relis toute la collection, et j'y trouve toujours autant de plaisir, même si je connais déjà l'aboutissement.



Les Aventures d’Arsène Lupin


Le suspense a disparu, mais la lecture m'en procure un immense plaisir.

Vous l'aurez compris, j'aime lire...

Mais voila ! Aux Philippines, on ne trouve quasiment pas de livres en français. Peut-être sur Manille, mais sur Cagayan de Oro, néant !

En quatre ans, j'ai trouvé un seul ouvrage, dans une librairie vendant des livres d'occasion, c’était une vieille édition de l'Antigone de Jean Anouilh, annotée de la main d'un étudiant philippin avec en marge, au crayon, la traduction en anglais de certains passages.



Le livre trouvé a Cagayan de Oro
  
Inutile de vous préciser que je me suis empressé de l'acheter et je l'ai lu et relu, jusqu’à ce que Sendong ne me l'emporte.

Mais quel bonheur, après deux ou trois ans d'abstinence, de pouvoir enfin lire en français !



Il y a quelques semaines, furetant sur les blogs d’Olivier Roland, je me suis décidé à y laisser mon adresse e-mail.



A partir de là, tout s’est enclenché très vite et c’est ainsi que j’ai pu découvrir et apprécier la formule Kindle d’Amazon.
 

Je me suis rendu compte, en allant consulter le catalogue Kindle Amazon que la quasi-totalité de ma bibliothèque s’y trouvait publiée sous forme d’e-books.


A titre d'exemple, voici quelques titres trouvés sur Amazon Kindle :

- Les Aventures d’Arsène Lupin, de Maurice Leblanc,





- 50 nuances de grey, de E.L. James ,





- Les œuvres complètes d'Honoré de Balzac...






Et il y en a comme ça, plus de 1 600 000 titres, dont plus de 45 000 en Français ! 

Une vraie mine d'or pour les expats n'ayant pas pu emporter leur bibliothèque.


En outre, les prix défient toute concurrence et pour les grands classiques, c'est même souvent gratuit : vous avez juste à télécharger...


J'ai moi-même téléchargé gratuitement Les Aventures d’Arsène Lupin et ce soir mon programme est bouclé : lecture !

Je ne peux vous cacher, j'ai été séduit par la formule !


Pour lire ces e-book, vous avez deux solutions :


- soit vous achetez un Kindle : la formule a l'avantage de vous permettre de vous promener partout avec tous vos livres a portée de la main. Par exemple, vous êtes au bureau de l'immigration pour faire renouveler votre visa et la file d'attente est importante... vous pouvez patienter agréablement en lisant le dernier best-seller que vous avez acheté, ou en relisant "Les Fleurs du Mal" ou encore en étudiant la recette de cuisine que vous allez préparer en rentrant,


Liseuse Kindle


- soit, si vous ne voulez pas acheter un Kindle, vous pouvez télécharger le logiciel de lecture (il existe pour quasiment toutes les plateformes, PC sous windows ou Mac, tablettes, smartphones, etc...), et ce logiciel est gratuit.

Ensuite, toute la bibliothèque Kindle Amazon est a votre disposition, et je vous promets que la lecture du catalogue en est déjà passionnante par elle-même : cliquez en haut, a droite ou a gauche, sur le premier lien Amazon Kindle, il va vous emmener directement vers ce catalogue.

Pourquoi ce post sur Amazon Kindle ?

Je vous promets qu'Amazon ne me paie pas pour cela : je le fais de ma propre initiative, car, ainsi que je vous l'ai dit, j'ai été séduit par la formule et la richesse du catalogue, et aussi et surtout parce que j'ai pu, par mon expérience personnelle, constater que cette technique était vraiment un énorme "plus" pour les expats. 

Imaginez un seul instant : vous téléchargez le logiciel de lecture gratuit sur votre PC ou votre Smartphone, et ensuite vous pouvez télécharger gratuitement tous les grands classiques français !
Et vous n'aurez rien, absolument rien déboursé pour cela ! 

C'est ce qui m'a décidé a mettre les liens  sur mon blog.


Mais, dans cette démarche, je ne me suis pas arrêté là.


Incité habilement par Olivier, je me suis inscrit à la formation « Kindle Bank System » de Christian Godefroy qui m’a laissé entrevoir une phénoménale possibilité de rebondir a 67 ans, alors même que je me pensais arrivé à l’un des derniers chapitres de l’histoire de ma vie.

Et je me surprends maintenant à vouloir laisser quelque chose d’autre à mes enfants, restés en France : je suis en train de préparer la publication de mon premier e-book.

Voilà...

Je vous souhaite une bonne lecture et espère avoir réussi à vous communiquer mon enthousiasme pour cette formule permettant à tous les expats de continuer à lire la littérature française (ou étrangère, pourquoi pas), même s'ils n'ont pas pu emporter leur bibliothèque.

Considérez que si vous achetez en passant par les liens ci-contre, et bien, ce sera une façon de soutenir mon blog, puisque je serai, à ce moment là, commissionné par Amazon sans que ça ne vous coûte plus cher.

Pour acheter un e-book, utilisez le premier lien : la bannière située a droite du billet, pour ceux qui résident en France, Belgique, Luxembourg et Suisse et celle de gauche pour ceux qui résident dans les autres pays.

Si vous vous décidez a acheter un Kindle : passez par mon lien, le deuxième, et vous ferez une bonne action, avec la même disposition, a droite du billet pour les résidents de France, Belgique, Luxembourg et Suisse et a gauche pour ceux qui résident dans les autres pays.


Et vous ? avez-vous déjà téléchargé un ouvrage sur Amazon ?
Qu'en pensez-vous ?

 

mardi 23 octobre 2012

L'arrivee a Mindanao, barangay, bayots...







Mindanao, nom mythique de cette ile des Philippines qui me restait en mémoire de mes cours de géographie à l’école : allez savoir pourquoi ce nom m’était resté ? Une prémonition ?


Lorsque nous avons accosté à Cagayan de Oro, il nous fallait un porteur pour tous nos bagages...

A peine accostés, une nuée de porteurs s'est précipitée à bord pour arpenter les coursives à la recherche de clients.

Gerally me dit : reste sur le bateau et ne te montre pas avant que je ne te le dise. Je dois négocier les prix avec un porteur et s'ils te voient, les prix vont monter. 

Il faut savoir qu'aux Philippines, des votre arrivée, vous allez être confrontés à ce que nous appelons la "skin tax", que Domy a décrit, avec humour, sur son blog "EXPAT AUX PHILIPPINES".

Je suis donc resté à surveiller nos bagages pendant qu'elle descendait à quai, et j'ai dû, à plusieurs reprises, défendre nos bagages contre des porteurs trop entreprenants voulant me forcer la main.

Une heure plus tard, la voilà revenue avec un porteur qui charge nos bagages sur un chariot, et direction la sortie. 

Arrivés a l’extérieur, sa famille nous attend : une tante, le mari de la tante, le beau-frère de la tante, et quelques autres personnes dont je n'ai pas bien compris, ni les noms, ni les liens de famille, mais qui avaient été appelés en renfort pour porter les bagages. 

 La tante a pris la précaution de réserver un jeepney privé. Les bagages sont rapidement chargés puis en route pour Mauswagon...


  Trajet du port de Cagayan de Oro a Mauswagon sur Google Maps


 

Mauswagon est l'un des onze barangays dépendant de Laguindingan.  


Le schéma ci-dessous vous aidera à comprendre ce qu'est un "barangay". les Philippines pourraient nous en remontrer en matière de démocratie :

 


C'est une subdivision de ville ou de municipalité, l'unité administrative de base.

La taille des barangays est très variable, et peut correspondre à un simple village mais aussi à un district entier ou un quartier dans les grandes villes. 

 Chaque barangay est dirigé par le "barangay captain", appelé aussi "barangay chairman", qui est élu en même temps que le "barangay council", formé de tous les "councilors" ou "Barangay kagawad", élus pour trois ans.

 Ce conseil est doublé d'un "youth council" dont les membres sont agés de 15 a 18 ans, avec à sa tête le S.K. (Sangguniang Kabataan). 


Ce conseil des jeunes est chargé de proposer des projets locaux pour les jeunes du barangay (organisation de fêtes ou de manifestations sportives, par exemple, ou réalisation d’équipements destinés aux jeunes, etc...) et de relayer au plan local, la mise en œuvre des projets du gouvernement pour la jeunesse. 

Il faut savoir que le conseil du barangay est le premier échelon, obligatoire, de l'organisation judiciaire des Philippines : vous ne pourrez pas agir en justice contre quelqu'un si vous n'avez pas, au préalable, tenté une conciliation devant le conseil du barangay.

Nous aurons l'occasion d'y revenir, car, à peine installé à Mauswagon depuis deux mois, j'ai dû faire appel au conseil de ce barangay, je vous en expliquerai les raisons. 

Vous pouvez ainsi comprendre aisément pourquoi il est primordial, pour un expat, d’être en termes d’amitié avec son barangay captain, ou tout au moins, en bonne relation !

 A la sortie de Cagayan, arrêt buffet : tout le monde descend pour manger un plat de riz et un morceau de poulet, au restaurant. 

Premier contact avec les "bayots", terme visaya qui désigne ici les gays : le restaurant en est rempli ce soir là, sans doute y a-t-il eu un concours de beauté dans la journée sur le secteur. 

Certaines (ils exigent souvent qu'on les appelle "girl" suivi de leur prénom...) sont très belles, féminines et très sexy et il est parfois difficile de déceler qu'elles ne sont pas des femmes.  

Il faut dire qu'aux Philippines, l'homosexualité est très bien tolérée et admise. Non seulement ils ne se cachent pas, mais ils organisent même des concours de beauté.


 Un excellent article sur ces bayots : l'homosexualité aux Philippines

 
Élection Miss Gay Philippines 2012

Après restauration, re-départ pour Mauswagon, et cette fois-ci, le jeepney ne s’arrêtera qu'a destination.   


Prochain post : L'installation a Mauswagon.  


Avez-vous déjà été confronté a la skin tax ? 


Votre expérience est la bienvenue, n’hésitez pas a nous raconter...  

lundi 15 octobre 2012

Bloqués a l’intérieur par la pression de l'eau...


Elisa me tend un t-shirt et un short (je ne supporte pas de dormir avec des vêtements). Je m'habille en vitesse... ces vêtements seront les deux seules choses qui me resteront après le passage de Sendong.

L'eau, a l’intérieur, nous arrive déjà aux chevilles ! 

Mais a l’extérieur, le niveau de l'eau dépasse un mètre de haut.

Je me précipite dans le bureau pour mettre en hauteur le maximum de choses, notamment, mon ordinateur, tout fraichement acquis.

Ça ne servira, malheureusement a rien, l'eau passera bien au dessus !

Il fait toujours nuit noire, et Elisa et moi, nous dirigeons a tâton vers la porte d’entrée pour sortir de la maison : impossible de sortir, la pression de l'eau a l’extérieur bloque la porte fenêtre.
Nous essayons alors de sortir par la porte de la cuisine, même chose ! 

Elisa se souvient alors qu'elle a laisse mon marteau dans la cuisine.
Elle s'empresse de l'attraper et essaie de briser la serrure de la porte de la cuisine : elle résiste, rien a faire...

Malgré tous ses efforts, impossible de casser la porte en bois...

Après ces essais infructueux, elle me crie : "I don't want to die here !"  Je ne veux pas mourir ici !

A l’intérieur, l'eau nous arrive maintenant presque aux épaules, c'est l'angoisse.

A l’extérieur, le niveau de l'eau est au moins de deux mètres.
Alors, Elisa se précipite sur la porte d’entrée qui est en verre et frappe un grand coup avec le marteau : la vitre explose et l'eau se précipite a l’intérieur : elle doit s'accrocher aux montants de la porte vitrée pour ne pas être repoussée a l'autre bout de la salle !

Quelques gros morceaux de verre, éjectés par la pression de l'eau au moment de l'explosion, vont lui entailler la main et le pied, mais elle ne s'en apercevra que plus tard. Elle n'a rien senti sur le moment.

L'ouverture est suffisante pour passer : elle sort a la nage et je la suis.

Nous nageons ensemble jusqu'au manguier et essayons de grimper le plus haut possible.

Le manguier... A l’époque, le voisin n'avait pas encore
 commencé le rehaussement de sa toiture.
 
Elle grimpe devant moi, mais j'ai du mal a la suivre : je n'ai plus de forces !

Tant bien que mal, nous arrivons presque a la cime de l'arbre.
Elisa me dit : ça n'est pas suffisant, il faut aller sur le toit du voisin... 

Il n'y a pas long a redescendre car le niveau de l'eau est maintenant presque a hauteur du bas de la toiture.

Nous nageons jusqu’au mur de séparation des deux maisons pour rejoindre le toit du voisin.

J'ai du mal a me hisser sur le mur, mes muscles ne répondent plus.

Avec l'aide d'Elisa, je finis par y arriver.

Ensuite monter jusqu'au faitage ne pose pas de difficultés, car ce voisin, qui est aussi mon propriétaire, est en train de faire rehausser sa toiture et toute l'armature métallique est déjà en place : il n'y a qu'a grimper de poutrelle en poutrelle jusqu'au faitage.

de poutrelle en poutrelle jusqu'au faitage

Espérons que la hauteur sera suffisante pour nous protéger : elle le sera, l'eau va monter encore d'un mètre environ, et va ensuite se stabiliser puis commencer a redescendre.

Quand je parle de l'eau, il s'agit en réalité d'un mélange d'eau et de boue provenant du fleuve.

Lorsque nous arrivons au faitage, le voisin, sa femme et sa fille y sont déjà installés... d'autres voisins viendront nous y rejoindre peu après.

La femme est en prières... elle a deux vilaines blessures ouvertes aux bras, son mari est blessé au pied et la blessure saigne abondamment. Ils ont été obligés, eux aussi, d'exploser une porte-fenêtre en verre pour pouvoir sortir de leur maison et les éclats les ont blessés tous les deux.

Préoccupés par notre propre survie, nous n'avons pas eu le temps, encore, d'observer ce qui se passe autour de nous.

Une fois installés sur le faitage, pas question de dormir si on ne veut pas chuter et se retrouver dans l'eau. Nous resterons tous éveillés toute la nuit. 

C'est alors que je commence a regarder et écouter ce qui se passe autour de nous.

Les cris résonnent de partout dans la nuit et j'entends ces cris d'angoisse des enfants piégés par la crue : "help, help..." et pleins d'autres cris en visaya que je ne comprends pas... mais dont je perçois la terreur au plus profond de mon corps.

Je pleure, je n’arrête pas de pleurer... on ne voit rien dans la nuit, mais ces cris explosent  dans mes oreilles, dans ma tête... je ne peux rien faire... beaucoup mourront cette nuit la.

Des coups résonnent aussi de partout de gens enfermés dans leur maison par la pression de l'eau et cherchant a percer leur toiture de l’intérieur pour tenter de s'y réfugier. 

Certains n'y arriveront pas...

Beaucoup, surpris pendant leur sommeil, n'auront même pas le temps d'essayer.

Elisa et moi avons été sauvés par les bouteilles de San Miguel et par le marteau qui trainait dans la cuisine.

Je me suis juré de ne plus jamais râler après Elisa lorsqu'elle ne remet pas en place mes outils après usage.

La nuit la plus longue de ma vie...

Au petit matin, l'eau est suffisamment redescendue pour que nous puissions quitter la toiture et rejoindre le sol : il reste environ 50 cm de boue épaisse et visqueuse. 

Nous redescendons donc prudemment et arrivés au sol, il faut marcher tout doucement pour ne pas tomber et pour éviter de mettre le pied sur des cadavres d'animaux ou objets dangereux dissimulés par la boue. 

Nous rejoignons la maison pour constater les dégâts... 





 

Le beau-frère d'Elisa, venu pour nous aider...




La chambre...avant



....Après


La clim qui m'est tombée sur les pieds

La cuisine et le coin repas, avant...

....Après

......

Les placards sont remplis de boue...

Mon téléphone cellulaire est quelque part ici...

La salle, avant...

.....et après

Les canapés sont gorgés d'eau et de boue
 et l'ossature en bois n'a pas résisté

Il reste encore 20 cm de boue a l’intérieur

Sur le canapé du fond, un tableau de l’école hollandaise
 du XVIIe siècle : peinture sur bois qui ne résistera pas

Mon bureau... avant

......et Après.


L'ordinateur et son écran étaient sur
 l’étagère blanche la plus haute...



Ce qu'on ne voit pas sur ces photos, c'est que les plafonds ne vont pas tarder a s'effondrer, détrempés, sous le poids de la boue  que la crue y a déposé. 

Les blessures d'Elisa sont vilaines et commencent a enfler : pas question de s'attarder a la maison, le plus urgent a faire est de rejoindre l’hôpital le plus proche pour qu'elle reçoive les soins nécessaires.

 A pied et pieds nus tous les deux, les vêtements couverts de boue, nous nous dirigeons vers le  Maria Reyna Hospital... Heureusement pour nous, les secours commencent a patrouiller dans les rues et un véhicule des services de la commune s’arrêtera pour nous prendre en charge et nous amener a l’hôpital.

Une quinzaine de sutures sur la main, autant sur le pied, injections d'antibiotiques et anti-tétaniques...

 

Je suis reste prostré, presqu'une semaine, sous le choc... Et puis, progressivement, la vie a repris ses droits, mais j'entends encore souvent ces cris d'enfants dans la nuit résonnant a la surface de l'eau. 

Avez-vous connu une expérience similaire ? Vos commentaires sont les bienvenus.