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mercredi 10 octobre 2012

Sendong,16 decembre 2011 : 1472 morts, 1074 disparus, 1745 blesses, 357 000 sans abris...

Dans la nuit du 16 décembre 2011, vers 23 heures....

Dans mon précédent post, je vous ai parlé de Sendong.
Comme je risque d'en parler souvent, autant que vous sachiez dès maintenant de quoi il s'agit et pourquoi Sendong m'a marqué a tout jamais.

 Tempete tropicale Washi/Sendong


Je vous propose donc un flashforward.

Je reprendrai ensuite le cours chronologique de mon expérience d'expatriation.

Attention, cette video peut choquer ! mais j'ai tenu a l’insérer ici parce que cette tragédie est partie intégrante de mon expérience aux Philippines et que j'en resterai marqué pour toujours.

Rien que de vous écrire et de me remémorer cette nuit, j'en ai les mains moites et les larmes n’arrêtent pas de me monter aux yeux.

Ce sont mes voisins, mes amis que vous allez voir sur cette vidéo, et tous ces enfants que j'ai entendus, dans la nuit, appeler au secours, avant que les flots de boue ne les ensevelisse...


J'ai vécu cette nuit d'horreur aux premières loges car Tambo Macasandig ou se situait ma maison a été au centre des inondations a Cagayan, l'endroit ou l'eau est montée le plus haut.

Au plus fort des inondations, on ne voyait plus, de ma maison, que l’arrête faitière du toit, ce qui représente une hauteur d'environ 3.50 a 4.00 mètres.
 
Ma maison a Tambo, vue du chemin

Ma maison se situant a environ 8 a 10 mètres au dessus du niveau de la rivière, cela vous laisse imaginer l'importance de la crue.

Mais Dieu (ou le destin, appelez-le comme vous voulez, suivant vos convictions) a jugé que mon rôle, sur cette terre n’était pas fini, et je suis vivant, ma compagne également.

Je vais donc vous parler de cette nuit, la plus longue de mon existence...


Il est environ 22 heures, ce 16 décembre, lorsque nous nous sommes couchés. La journée a été dure : une violente pluie torrentielle est tombée toute la journée, de ces pluies qui traversent vos vêtements en quelques secondes, accompagnée de brutales et soudaines bourrasques de vent, d'une force inouïe.

Elisa est allée faire quelques courses au Robinson de Limeketkai (un centre commercial de CDO), car nous n'avons plus rien dans le réfrigérateur.

Vers 16 heures, elle m'appelle au téléphone : elle ne sait pas a quelle heure elle va pouvoir rentrer. Il y a de l'eau partout et les jeepneys et taxis ne peuvent plus circuler.

Et la pluie continue de tomber ! Cette pluie ne s’arrêtera que vers 2 ou 3 heures du matin, lorsque la catastrophe sera consommée.

Finalement, vers 18 h 30, il fait nuit déjà, elle réussit a rentrer grâce a un taxi un peu plus téméraire que les autres (ou inconscient).

Elle prépare le diner puis nous mangeons tranquillement.

Dehors, il pleut toujours ! un bruit d'enfer sur les toits en tôle, mais bienheureux d’être a l'abri en dessous !

Vers 8 ou 9 heures, "brown out" ! plus d’électricité !

Rien d'autre a faire que d'aller dormir... La nuit est très noire, on ne voit plus rien !

Elisa fatiguée de son après-midi et par la tension nerveuse due aux difficultés de retour, s'endort très vite.

Je mets un peu plus longtemps et c'est dans un demi-sommeil que vers 11 heures, je suis dérangé par un bruit inhabituel : j'ai, stockés derrière la maison, une centaine de bouteilles de San-Miguel vides, qui me restent du temps ou j'exploitais un bar de nuit.
 
L’arrière de la maison : on aperçoit la clim 
par ou l'eau va s'engouffrer

Après quelques instants, je comprends que ce bruit provient de ces bouteilles qui s'entrechoquent entre elles !

Quelque chat, pensé-je jouant derrière la maison et heurtant les bouteilles.

J'essaie de me rendormir, mais impossible ! 

ce ou ces chats sont décidément très bruyants.   

Au bout d'un moment, un peu agacé, je me lève dans le but de les chasser.   

Je vais jusqu’à la fenêtre et commence a invectiver les chats haut et fort pour leur faire peur, et c'est a ce moment que j’aperçois au dehors, a la lueur d'une lampe électrique, les bouteilles flottant a la surface de l'eau.

Il me faut quelques instants pour réaliser que le niveau de l'eau, autour de la maison a déjà atteint près de 50 cm de hauteur.

Le temps de réaliser et déjà, l'eau pénètre a l’intérieur de la chambre par l'ouverture créée dans le mur pour la climatisation et ruisselle sur mes pieds.  

Je crie a Elisa : "réveille-toi ! debout ! l'eau rentre dans la maison !".

Elle se réveille et me regarde sans comprendre, encore ensommeillée : "debout, vite, lève-toi, l'eau rentre a l’intérieur !", et puis elle aperçoit l'eau rentrant par la clim et comprend instantanément ce qui se passe.

Elle se lève d'un bond, complètement réveillée. 

Soudain, c'est la clim qui me tombe sur les pieds, a l’intérieur, poussée violemment par la pression de l'eau a l’extérieur.  

Et l'eau se précipite a l’intérieur comme un torrent.  

Ensuite, tout va aller très vite ! 


 

Prochain post : Bloqués a l’intérieur par la pression de l'eau...


1 commentaire:

  1. J'imagine la panique totale, j'ai perdu ma grand-mère pendant une petite inondation, on arrête plus facilement le feu que l'eau!... Sauvé par la San Miguel!

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