Connaissez-vous Paul Proust de La Gironière ?
Né près de Nantes en 1797 et mort aux Philippines en 1862, il s'est installé aux Philippines en 1820.
D'abord chirurgien de marine a bord du trois mâts "Le Cultivateur", puis abandonné par ce navire, parti en le prévenant trop tard, il s'installe comme chirurgien a Manille.
La réussite vient très rapidement, et il mène grand train... mais il s'ennuie.
Un jour, révolté par l'injustice du gouverneur a son égard, il décide, sur un coup de tête, de démissionner et il achète la propriété de Jala-Jala, presqu'ile située sur "Laguna de Bay", près de Manille.
Il a décidé de devenir colon, de défricher la presqu'ile et d'y créer une immense plantation.
En même temps, il veut visiter et apprendre a connaitre les populations natives philippines et leurs cultures.
Paul Proust restera 20 ans aux Philippines et désespéré par la mort de sa femme puis de son fils, rentrera en France en 1839.
Il reviendra mourir aux Philippines en 1862 et est enterré a Calauan, province de Laguna, près de Jala-Jala.
Ayant tenu un journal de ses aventures aux Philippines, il le publiera en 1855.
Frappé par la modernité des observations de Paul de La Gironière, et par l’intérêt de son récit, j'ai voulu redonner une nouvelle vie a cette œuvre :
- en en modernisant un peu l’écriture,
- en lui apportant le maximum d'annotations pour une meilleure compréhension,
- en y ajoutant plus de 35 illustrations en plus de celles d'origine.
Voici, a titre d'exemple, un extrait de cette œuvre :
"Je m’approche de la foule, je reconnais en effet l’infortuné Drouant, pâle comme un mort. Un Indien furieux va lui plonger son kris dans la poitrine; je me jette entre le poignard de l’Indien et le capitaine, et je les repousse assez violemment l’un et l’autre pour les séparer.
«Sauvez-vous! crié-je en français au capitaine: un canot vous attend.»
La stupéfaction des Indiens est telle, qu’il peut s’échapper sans qu’ils songent à le poursuivre.
Il faut maintenant me tirer du mauvais pas où je me suis engagé. Quatre cents Indiens m’entourent: il faut payer d’audace.
Je dis en tagalog à celui qui avait voulu frapper le capitaine, qu’il est un lâche. L’Indien bondit jusqu’à moi; il lève son arme: je lui applique sur la tête un coup d’une petite canne que je tiens à la main; il demeure un instant étonné, et se retourne vers ses compagnons pour les exciter.
De tous côtés les poignards sont tirés; la foule forme autour de moi un cercle qui va toujours en se rétrécissant.
Étrange fascination du blanc sur l’homme de couleur! De ces quatre cents Indiens pas un n’ose m’attaquer le premier; ils veulent me frapper tous ensemble.
Tout à coup, un soldat indien armé d’un fusil fend la foule; il donne un coup de crosse à mon adversaire, lui arrache son poignard, et, prenant son fusil par la baïonnette, il le fait tourner au-dessus de sa tête, et exécute un moulinet qui agrandit le cercle d’abord, et disperse ensuite une partie de mes ennemis.
«Fuyez, Monsieur! me dit mon libérateur; maintenant que je suis là, personne ne touchera un de vos cheveux.»
Aujourd'hui, aux Philippines, l'homme blanc suscite toujours la même fascination auprès des philippins.
Paul de La Gironière relève en 1830 : Aux yeux d’un Tagal, tout Européen, quel que soit son pays, est un "Castilla".
Aujourd'hui, en 2012, aux yeux d'un philippin, tout blanc est un "Kano" ou "Mekano", quel que soit son pays d'origine.
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